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René Goyette

ADN, promesses et craintes (2)


La découverte de l’ADN permet des modifications génétiques surprenantes. Certaines manipulations pourraient améliorer la condition humaine, mais d’autres pourraient servir à de mauvais desseins. Quelles manipulations bonnes ou mauvaises feront la médecine génétique, la justice et le militaire à partir de ces découvertes ?



Des maladies héréditaires éradiquées, des bébés « à la carte », des plantes qui repoussent leurs prédateurs, des parents et des criminels retrouvés : ce sont là les exploits rendus possibles grâce à l’ADN. On identifie et trouve l’utilité de plus en plus de gènes de sorte que chaque jour la génétique découvre les secrets de nos cellules.


Médecine Lego

Du fait que notre ADN « archive » notre généalogie et notre historique de santé, on peut maintenant déceler les gènes qui nous rendent vulnérables à certaines maladies ou certains problèmes de santé.


Un peu comme avec un jeu de mini-briques, il est désormais possible de manipuler les gènes. On peut donc enlever un gène héréditaire identifié comme porteur d’une maladie, comme on peut ajouter un gène manquant qui enraye certains effets néfastes d’un gène défectueux.

Les seins d’Angelina

En 2013, l'actrice américaine Angelina Jolie a déclaré avoir subi une double mastectomie, une ablation des seins, afin de prévenir un risque très élevé de cancer du sein et des ovaires. Sa mère est morte d'un cancer à l'âge de 56 ans.


« La femme de 37 ans et compagne de Brad Pitt a écrit dans une tribune intitulée Mon choix médical publiée dans le New York Times qu'elle a subi cette opération, car elle porte un gène défectueux (BRCA1) qui accroît le risque de cancer. »1

Avant l'opération, le risque qu'elle développe un cancer de l'ovaire

s'élevait à 50 %, alors que le taux montait à 87 % pour ce qui est du cancer du sein. Désormais, les risques qu'elle ait un cancer du sein ne sont plus que de 5 %.


L’intervention de Mme Jolie provoqua une ruée vers les tests d’ADN aux États-Unis. Des centaines de femmes voulurent savoir si elles possédaient ces gènes les rendant susceptibles de contracter une maladie rare ou un cancer.

Recettes miracles

Avec les avancées de la médecine génétique, un monde de possibilités est apparu dans le domaine médical. Autant chez l’enfant, chez l’adulte qu’au niveau de l’embryon, il est maintenant possible de manipuler les gènes.


On voit poindre les recherches sur le retard du vieillissement, l’éradication de maladies héréditaires, le choix du sexe et des qualités d’un futur enfant. Toutefois, les lois actuelles encadrent rigoureusement les expériences sur les humains.


Justice et ADN

Recueillies chez des milliers d’individus depuis presque trois décennies, les données d’ADN ont été rassemblées dans un dossier international permettant des recoupements lors de recherches.


Non seulement il est possible de retrouver précisément un individu et, s’il n’est pas répertorié dans la banque d’ADN, il peut être retracé par le code d’un de ses proches familiaux.


Les « cold cases »

À l’aide du « catalogue des ADN », une grande quantité de causes criminelles non résolues furent éclaircies. En révisant les détails de vieux crimes, il fut possible de retrouver de l’ADN sur des pièces à conviction consignées dans les dossiers.


« 13 meurtres et 45 viols

Au total, « le tueur de Golden State » a commis au moins 13 meurtres, 45 viols et plus de 120 cambriolages entre 1976 et 1986. L'âge de ses victimes allait de 14 à 41 ans. […] Le suspect entrait par effraction la nuit chez ses victimes. […]. Il agressait souvent des femmes seules lorsqu'elles dormaient ou des couples, les

attachant, puis violant les femmes devant leur compagnon.

L’affaire vieille de 40 ans, qui a traumatisé toute la Californie, a trouvé un nouvel élan grâce à Internet en 2018, indiquait CBS à l’époque. Les enquêteurs travaillant sur ces recherches ont en effet utilisé un site de généalogie grâce auquel les internautes, en envoyant leur ADN, peuvent retrouver de lointains ancêtres. Les autorités ont entré celui récupéré sur l’une des scènes de crime dans la base de données du site web. Là, ils ont vu qu’il correspondait à l'ADN d'un proche de Joseph James DeAngelo, permettant l'arrestation de ce dernier. »2


Entre 2017 et 2019, la généticienne américaine CeCe More a résolu près d’une centaine d’enquêtes non élucidées faute de preuves. Et rien qu’en 2019, 29 personnes ont ainsi pu être identifiées, la plupart recherchées pour viols et meurtres depuis les années 1980-1990. 3


Fichier national français des empreintes génétiques (FNAEG)

En France, le FNAEG sert à faciliter l’identification et la recherche des auteurs d’infractions et des personnes disparues à l’aide du profil génétique de leurs descendants ou de leurs ascendants.


En 2018, ce fichier atteignit 2,9 millions de profils génétiques et 480 000 traces non identifiées


« À quoi sert ce fichier ?

Le FNAEG sert à faciliter l’identification et la recherche :

  • Des auteurs d’infractions à l’aide de leur profil génétique ;

  • De personnes disparues à l’aide du profil génétique de leurs descendants ou de leurs ascendants.


Que contient ce fichier ?

Le FNAEG centralise les empreintes génétiques de :

  • Personnes non identifiées (empreintes issues de prélèvements sur les lieux d’une infraction) ;

  • Personnes identifiées (personnes condamnées ou mises en cause pour une des infractions listées à l'article 706-55 du code de procédure pénale).


Les empreintes sont complétées des informations suivantes :

  • Les noms, prénoms, date et lieu de naissance, filiation et sexe ;

  • Le service ayant procédé à la signalisation ;

  • La date et le lieu d'établissement de la fiche signalétique ;

  • La nature de l'affaire et la référence de la procédure. » 4


L’ADN généalogique

Grâce à Internet et aux avancées de l’ADN, la recherche des ancêtres a connu un engouement sans précédent. L’arbre généalogique d’antan s’est vu ajouter des racines.


D’abord, le réseau internet a mis en relation des millions de personnes. On a vu apparaître de parents, des amis perdus ou oubliés. Mais ces trouvailles se limitaient aux individus utilisant le réseau. Le registre international des codes génétiques a permis d’aller au-delà des mémoires et des courtes vues des recherches de parenté d’auparavant.


Ma famille ou pas ?

En une dizaine d’années, plusieurs entreprises commencèrent à offrir des tests d’ADN au grand public. Au Canada, par exemple, la liste ne cesse de s’allonger :

MyHeritage DNA

EasyDNA

AncestryDNA

LivingDNA

Family Tree DNA

23andME

Vitagene

TellmeGen5


À ce jour, une multitude de découvertes surprenantes ressortirent des tests du grand public. Des parents retrouvés, des familles recomposées ou décomposées, des origines inconnues révélées et bien des mensonges dévoilés.


La conclusion était irréfutable les bébés avaient bel et bien été échangés ou mélangés.

Comme le cas de l’Américaine Susan Groff6 qui, en 2019, a procédé à un test ADN via AncestryDNA lui révélant qu’elle avait un cousin germain qu’elle ne connaissait pas. En effet, les données ADN d’un certain Thomas Johnson concordaient assez pour prouver le lien familial. Après quelques recherches et recoupements, on découvrit que Thomas et un autre enfant étaient nés tous les deux le 7 décembre 1941, dans le même hôpital. La conclusion était irréfutable les bébés avaient bel et bien été échangés ou mélangés. Cette découverte eut bien sûr un effet sur deux familles qui ignoraient ce lien de sang.


Des super soldats ?

On se souvient des expériences que les nazis on fait afin de créer des surhumains. Heureusement, la génétique n’existant pas, on ne connaissait pas l’ADN à l’époque. Mais on ne peut s’empêcher de prévoir que les entreprises de guerre voudront profiter de la génétique moderne afin de créer ce fameux super soldat qui deviendra, ni plus ni moins, une arme surpuissante et infatigable.


Mais qui dit arme, dit anti arme. Espérons que la grandeur des dangers fera grandir aussi l’effet de dissuasion causé par des forces qui, finalement, se détruiraient mutuellement.


 

Épilogue

En fin de compte, on sait beaucoup des multiples possibilités qu’apporte la manipulation de l’ADN. Mais on ne sait peu de ce qui en sera fait, des limites qui seront érigées et de celles qui seront franchies. Pourrons-nous empêcher bien longtemps que notre identité génétique soit prise sans notre consentement ? Finira-t-on par prendre notre ADN à la naissance ?


Exaltant, mais aussi effrayant, l’avenir des utilisations de ces nouvelles technologies va changer le monde et, pour la première fois, il le changera de l’intérieur.


Merci aussi à ceux qui n'ont pas lu.


 

RÉFÉRENCES


1


2



3

Génome Hacking - Ces innovations qui révèlent les secrets de notre ADN de Deborah Lévy




4

Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (France) - FNAEG : Fichier national des empreintes génétiques


5



6

Quoi de neuf dans la famille de Jean-Louis Beaucarnot






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