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René Goyette

Des milliers d’années de transgenres


Pour certains le changement de sexe est une opération anormale et contre nature. Pourtant, depuis des millénaires, la nature elle-même change les sexes chez beaucoup d’espèces. Voyons ce monde où le genre n’a rien de définitif.


Depuis que les humains ont acquis le pouvoir de changer de sexe, le monde semble croire que ce processus est sans précédent. Pourtant, chez les animaux et les végétaux, le changement de sexe n’est pas rare du tout. Ce phénomène est bien connu chez les mollusques, les poissons et les végétaux. Cette altération s’appelle l’hermaphrodisme.


« Un organisme hermaphrodite est un organisme qui possède à la fois les organes reproducteurs mâles et femelles. Dans la mythologie grecque, Hermaphrodite - fille d'Hermès et d'Aphrodite - est née avec des attributs masculins et féminins. Ce symbole a ensuite donné son nom à cette altération de la différenciation sexuelle. ».1


Les plus vieux transgenres

Les animaux qui changent de genre sont les suivants :


  • Escargot

  • Coquille St-Jacques

  • Cochenille

  • Lombrics

  • Huître plate

  • Grenouille

  • Crépidules

  • Tortue d'eau douce

  • Le mérou

  • Poisson-clown

  • Certains reptiles


Les types d'hermaphrodisme

Il existe quatre types de processus de changement de sexe : l’hermaphrodisme simultané, l’hermaphrodisme successif, l’hermaphrodisme juvénile précoce et l’hermaphrodisme accidentel.



L'hermaphrodisme simultané

L'hermaphrodisme simultané signifie que l'animal sujet peut avoir les deux sexes en même temps. Ce cas d'hermaphrodisme chez les animaux existe à l'état naturel chez : certaines cochenilles, certaines coquilles Saint-Jacques, l'escargot, le lombric.


Dans ces cas-là, on peut parfois assister à une autofécondation, la fécondation des œufs se fait par les spermatozoïdes du même organisme. Néanmoins, on note que la plupart des fécondations chez ce type d'hermaphrodites sont des fécondations croisées : elles nécessitent l'accouplement entre individus.2


Hermaphrodisme successif

Il existe certaines espèces animales qui commencent leur vie mâle et la terminent femelle, ou inversement.


C'est le cas des mollusques marins, du poisson-clown (comme Nemo), du mérou, de certaines grenouilles, de certains reptiles, de certaines tortues d'eau douce.2


Hermaphrodisme juvénile précoce

L'hermaphrodisme juvénile précoce est un hermaphrodisme particulier. Il s'agit d'espèces gonochoriques (avec un seul sexe, comme la plupart des espèces) qui ont une phase hermaphrodite, mais ne produisent pas de gamètes lors de leur développement.2



Hermaphrodisme accidentel

Ce type d'hermaphrodisme se retrouve également chez l’humain.


Au cours du développement embryonnaire, des mutations génétiques peuvent survenir et donner naissance à des individus portant les attributs des deux sexes. Il s'agit soit de la fusion de deux ovules qui auraient dû donner un mâle et une femelle ou bien d'un ovule fécondé par deux spermatozoïdes apportant respectivement un gène mâle et un gène femelle.2



Des transgenres particuliers

Deux transformations de sexes sont particulièrement intéressantes. Celles du mérou et de l’escargot.

Le mérou : le poisson hermaphrodite

Le cas du mérou est très intéressant, car en tant qu'hermaphrodite successif, il peut changer de sexe une fois au cours de sa vie lorsqu'il n'y a plus de mâle dominant. Généralement, entre 5 et 12 ans, le mérou est femelle, puis jusqu'à la fin de sa vie, il deviendra mâle. Deux vies en une seule, il a de la chance, non ?2



Le cas de l'escargot

L'escargot fait partie des hermaphrodites. L'escargot est à la fois mâle et femelle. Il a des ovules et des spermatozoïdes, mais bizarrement, les produits génitaux mâles arrivent à maturité avant les produits génitaux femelles et malgré le fait qu'il soit capable de produire les deux, l'autofécondation est impossible à cause de ce manque de synchronisation. Il doit donc obligatoirement s'accoupler avec un partenaire : c'est ce que l'on appelle la fécondation croisée.2




Fleur, fille ou garçon ?

L’immense majorité des végétaux à fleurs sont hermaphrodites. Ils possèdent soit des fleurs pourvues d’organes des deux sexes, soit des fleurs mâles (avec des étamines) et des fleurs femelles (avec des pistils) sur le même pied.


Ces hermaphrodites peuvent non seulement s’autofertiliser, mais aussi disséminer du pollen (élément mâle) pour féconder les ovules des autres plantes femelles. C’est le cas parmi tant d’autres de l’Iris des marais, des tomates et de l'hibiscus. Ces fleurs sont souvent appelées fleurs bisexuelles ou fleurs parfaites.


Chez les humains-humaines

Le changement de genre chez l’humain comporte deux étapes. Le changement sociopsychologique et l’intervention chirurgicale. Remboursée par certains régimes gouvernementaux, l’opération est de deux types : la vaginoplastie et la phalloplastie.


La vaginoplastie

La vaginoplastie vise à construire un vagin à partir des organes génitaux masculins.


L’opération se déroule comme on pourrait s’y attendre. Le chirurgien va procéder à l’ablation des testicules. Ensuite vient une dissection du pénis. Il ne faut en effet pas tout enlever, mais retourner la peau à la base du pénis pour créer la cavité vaginale. S’il manque de la peau, le chirurgien procède à une greffe pour compléter.


En ce qui concerne les autres parties du vagin, le chirurgien utilisera :

  • Le gland pour créer le clitoris.

  • Les grandes lèvres seront formées par les parties extérieures du scrotum.

  • Les petites lèvres viennent généralement du prépuce.

  • Suite à cela, il va créer un vagin à l’aide d’une dissection de 15 centimètres environ entre le rectum et la prostate. Le chirurgien utilise des tissus provenant du pénis directement pour garder un aspect aussi naturel que possible. En effet, une greffe de peau n’aura pas un résultat similaire. Elle sera beaucoup moins naturelle et esthétique.3


La phalloplastie

La phalloplastie est l’opération qui consiste à créer un pénis.


Le professionnel responsable de l’opération commencera par effectuer le prélèvement de peau que l’on vient de mentionner. Suite à cela, voici les différentes étapes dans une procédure de phalloplastie :


  • On commence tout d’abord par une hystérectomie. Cela consiste à retirer l’utérus et le vagin, et faire place au nouveau pénis.

  • Avant de faire quoi que ce soit avec le pénis, on va placer un tube qui remplace le canal de l’urètre d’une personne née homme. C’est par ce tube que le patient pourra uriner naturellement suite à l’opération.

  • Avec le prélèvement de peau effectué préalablement, on va créer la forme cylindrique et longue d’un pénis. Le lambeau de peau ainsi que des vaisseaux sanguins prélevés sont placés autour du tube que l’on a précédemment installé.

  • Les petites lèvres du vagin viendront former les bourses.

  • On va ensuite procéder au rattachement du nerf du clitoris au nouveau sexe. Cela permet au patient d’avoir des orgasmes.

  • Suite à toutes ces étapes, on va enfin procéder au raccordement des nerfs, du canal de l’urètre et des différents vaisseaux sanguins composant le pénis.

  • Afin d’évoquer le sujet, une érection ne sera pas possible si le patient ne procède pas à une pose de prothèse érectile (également appelée implant pénien). C’est un système de pompe qu’il faudra actionner manuellement. Il permettra une érection, et donc des rapports sexuels. 3




Pas pour tous et toutes

Même si le processus existe, le changement de sexe, avec ou sans altérations des d’attributs sexuels, n’est pas le bienvenu partout sur la planète. On devine que les régimes totalitaires misogynes et homophobes n’endosseront pas la pratique.



Les États qui permettent ces changements ne les financent pas tous. Les droits et changements d’identification officiels (passeport et autres documents officiels) ne sont pas les mêmes partout de sorte que la personne transgenre n’est pas libre de circuler partout dans le monde.


Le phénomène transgenre ne bénéficie pas de l’acceptation sociale universelle. De sorte qu’aujourd’hui, les personnes de ce « troisième genre » sont toujours harcelées et discriminées dans plusieurs parties de la planète.


Les métamorphoses célèbres

Depuis à peine une décennie, quelques individus transgenres se sont révélés au monde. Voici quelques exemples de ces gens qui ont pris leur destin en main et leur genre au sérieux.


Depuis 2015, Jaimie Wilson a documenté en photos sa transformation de femme à homme via Instagram.4
Laverne Cox

Laverne Cox

L'actrice américaine a été, en 2018, la première femme transgenre à faire la couverture du magazine féminin Cosmopolitan. « Je n'ai jamais pu et je n'ai jamais voulu faire oublier que je suis transgenre. C'est ce que je suis », a-t-elle déclaré à Télérama en 2015. 5



Nikkie de Jaggar

Nikkie de Jaggar

La célèbre youtubeuse beauté néerlandaise a créé la surprise en annonçant en 2020 à ses 10 millions d’abonnés qu’elle était une femme transgenre. Aujourd'hui, la femme de 28 ans compte plus de 14 millions d’abonnés sur YouTube.5





 



Khate Lessard

Au Québec

Khate Lessard est une activiste et personnalité trans qui s’est fait connaître lors de son passage à Occupation double Afrique du Sud. Si elle n’a pas trouvé l’amour à l’émission de dating, elle a fait passer un message important: peu importe l’identité de genre ou l’orientation sexuelle, tout le monde devrait avoir le droit d’être représenté à la télévision.


Khate a documenté les dessous de sa chirurgie de changement de sexe sur ses réseaux sociaux et tente de faire tomber les préjugés et tabous. Souvent accompagnée de son copain Fabrice, Khate aborde sa sexualité pour la démystifier.7

Après métamorphose Bruce Jenner devint Caitlyn Jenner. Photo Annie Leibovitz.

 

iel

Le langage a aussi « trangenré ». Dans son édition 2023, le Petit Robert a introduit le pronom « iel ». Le Petit Robert précise sur son site internet :


[…]La définition de ce mot rare est : « Pronom personnel sujet de la troisième personne du singulier (iel) et du pluriel (iels), employé pour évoquer une personne, quel que soit son genre.» On écrit aussi ielle, ielles.8


Épilogue

La science-fiction n’a pas passé l’hermaphrodisme sous silence. Dans la nouvelle Enemy Mine, l’auteur, Barry B. Longyear, évoque l’existence d’une espèce extraterrestre n’ayant aucun sexe particulier. Ces êtres ont la particularité de posséder un embryon toute leur vie; quand leur processus de mort débute, la gestation est initiée. Le corps du parent sert d’« œuf » et de placenta jusqu’à la naissance.


Malheureusement, le géniteur ne verra jamais son enfant et ce dernier ne connaitra jamais son-sa papa-maman.




Merci aussi à ceux qui n'ont pas lu.

 

RÉFÉRENCES


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Informations supplémentaires




Les genres fluides – Clovis Maillet










Pratiq - Phalloplastie





 

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