14 déc. 2024

La démocratie perd la voix (2/2)

Autocratie : signifie « qui tire son pouvoir (cratie) de lui-même (auto) ».

L’autocratie est un pouvoir qui n'a d'autre justification et légitimité que lui-même.

Il semble que la démocratie est un luxe qui n’est pas accessible à tous. Et même si certains États du monde se vantent d’offrir la liberté d’expression au niveau des orientations politiques, si on creuse un peu (à peine) on découvre qu’il ne s’agit que d’une démocratie apparente.

Les démocraties malades

Afin d’illustrer l’état de la démocratie sur la planète, dressons-en un bilan de santé en énumérant, à travers le temps, les sujets les plus malades.

Le coup d’État

Afin de changer la gouvernance d’un pays, il n’est pas rare que le gouvernement en place soit écarté par l’armée du pays. Parmi beaucoup d’exemples, prenons le Chili.

Le Chili

En septembre 1973 au Chili, le gouvernement du président démocratiquement élu Salvador Allende (socialiste) est renversé par un coup d'État militaire. Le coup d'État est planifié par les commandants en chef des trois armées et le chef de la police, et dirigé par le général d'armée Augusto Pinochet. Cet événement, qui marqua l'histoire de ce pays latino-américain, causa de graves débordements. S’en suivit une vague de répression sans précédent.

La dictature militaire d'Augusto Pinochet gouverna le Chili pendant seize ans, du coup d'État du 11 septembre 1973 jusqu'au 11 mars 1990 , elle se termina par le référendum de 1988.

Les dictatures déguisées

Le fait qu’il y est des élections ne signifie pas nécessairement que la démocratie est respectée. Dans ce domaine, on retrouve les élections avec un seul candidat, les élections où les votes se font sous surveillance, des votes obligatoires dans un système où on propose un candidat fortement désigné contre des adversaires tout à fait incompétents. Finalement, les gouvernements qui contrôlent les résultats et renversent le choix du gagnant par des artifices juridiques. Dans la plupart de ces cas, les opposants ou contestataires sont violemment réprimés.

Le Venezuela

Au Venezuela, lors de l’élection présidentielle du 28 juillet 2024, le président sortant Nicolas Maduro gagna avec une majorité alors que tous les sondages désignaient l’opposant Edmundo Gonzalez Urrutia comme futur élu.

Le secrétaire d’État américain, M. Blinken, affirmant avoir des « preuves incontestables », a estimé que l’opposant Edmundo Gonzalez Urrutia avait gagné. Dans la foulée de cette déclaration, cinq pays d’Amérique latine ont reconnu la victoire d’Urrutia.

« Jusqu'où ira Nicolas Maduro pour rester au pouvoir ? Le dictateur socialiste du Venezuela a réalisé un coup d'État électoral en se faisant déclarer vainqueur de l'élection présidentielle par la Commission nationale électorale, un organe où il avait pris soin de ne nommer que des amis du régime. »1

Russie

Le 17 mars 2024, le président russe Vladimir Poutine a été réélu avec plus de 87 % des voix. Il a été impossible d'estimer de manière indépendante l'ampleur de la participation à cette contestation, puisque des dizaines de milliers de policiers et de membres des forces de l'ordre ont exercé un contrôle strict sur le déroulement du scrutin.

« Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche a fait valoir que Poutine avait emprisonné ses opposants politiques et empêché les autres de se présenter contre lui, tandis que le ministère allemand des Affaires étrangères a affirmé que le régime de Poutine est autoritaire [et qu']il repose sur la censure, la répression et la violence.

L'issue du scrutin ne faisait guère de doute en l'absence de rival crédible parmi les trois autres candidats en lice, d'autant que le principal opposant au président russe, Alexeï Navalny, est mort en détention le mois avant l'élection. »2

Corée du Nord

Les dernières élections en Corée du Nord ont eu lieu le 10 mars 2019. L'Agence centrale de presse nord-coréenne rapporte que l'ensemble des candidats ont été élus, tous avec 100 % de suffrages favorables, et que le taux de participation a été de 99,99 %. Au pouvoir depuis 2011, Kim Jong Un a été réélu.

« Seulement un candidat apparaît sur le bulletin (Kim Jong Un). Voter est obligatoire et le taux de participation est généralement proche de 100 %. Les élections ont été souvent décrites comme de fausses élections ou un recensement politique. Il n'y a pas de compétition pour les sièges puisque tous les candidats sont choisis et que tous les sièges sont gagnés par le Front démocratique pour la réunification de la patrie. À cause du taux de participation proche de 100 %, le recensement officieux n'en est qu'appuyé.

Un électeur peut rayer le nom d'un candidat pour voter contre lui, mais doit le faire avec un stylo rouge, à côté de l'urne, devant les officiels, ou en déposant son bulletin dans une urne dédiée aux non-votants. De nombreux Nord-Coréens, opposés au régime, revendiquent le fait qu'un tel acte de défiance est trop risqué. »3

Chine

L'élection présidentielle chinoise a eu lieu le 10 mars 2023. Seul candidat en lice dans le cadre d'un régime à parti unique, Xi Jinping est réélu pour un troisième mandat, une première dans le pays depuis la suppression de la limitation à deux mandats entreprise sous son régime.

« Un résultat sans appel et sans surprise : 2 952 votes pour, zéro contre, zéro abstention. Xi Jinping a été reconduit, pour un troisième mandat historique à la tête de la Chine, après un vote à l'unanimité des députés. Le Parlement étant, dans la pratique, inféodé au Parti communiste (PCC) au pouvoir, l'issue du scrutin ne faisait aucun doute. Le dirigeant de 69 ans a été accueilli par un tonnerre d'applaudissements des parlementaires réunis à Pékin, dans l'immense Palais du peuple bordant la place Tiananmen. »4

Inde

L’Inde est un pays démocratique, c’est-à-dire que tous les adultes ont le droit de voter pour élire les membres du Parlement, tous les cinq ans habituellement. Le 3 juin 2024, l’élection a appelé à voter tous les adultes de ce pays de 1,4 milliard d’habitants. Le parti nationaliste hindou Bharatiya Janata Party (BJP) de Narendra Modi a été réélu pour un troisième mandat pour gouverner l’Inde.

Malgré la lourdeur de ce gigantesque scrutin, on peut quand même considérer cette élection comme ayant eu lieu sans écarts majeurs. Peu de contestations et un taux de participation qui a atteint 67,40 % des inscrits, un record dans le pays.

« Organiser une élection en Inde, c’est toute une affaire. Les chiffres sont étourdissants ! Cette année, il y avait 969 millions d’électeurs inscrits. 15 millions de personnes ont été embauchées pour faire fonctionner 3 millions de machines de vote électronique dans 1 million de bureaux de vote. »5

Mexique

C’est en juin 2024 que les Mexicains ont voté pour des élections générales. Les adultes d’une population de 130 millions d'habitants ont choisi les candidats pour les quelque 20 000 positions de président, députés, sénateurs, gouverneurs et conseillers municipaux. Même si 27 000 hommes avaient été mobilisés pour la sécurité, la campagne fut la plus violente de l'histoire du pays.

La candidate à la présidentielle, Claudia Sheinbaum, l'a emporté avec plus de 61 % des voix et est ainsi devenue la première femme à être élue à cette fonction dans le pays.

« Ces élections sont les plus grandes jamais organisées au Mexique mais aussi les plus létales : 30 candidats ont été assassinés et plus de 400 agressions et menaces ont été enregistrées en neuf mois de campagne. »6

Militaires et pouvoir

À la lumière des expériences électorales du passé, on ne peut s’empêcher de se demander si les futurs gouvernements résisteront au pouvoir immenses des armées. La plupart des coups d’État ayant été menés par les pouvoirs militaires ont été des renversements réussis. Comment se protéger de cette menace ?

Malheureusement, beaucoup de pays d’Asie, d’Afrique et des Amériques Centrale et du Sud ont goûté à des prises de pouvoir fait par l’armée, par des groupes armés dirigés par des seigneurs de guerre ou des dictateurs sans scrupules. Ici, le mot démocratie n’existe pas.

Participation faiblissante

Pour finir, même si beaucoup de nations ont adopté des gestions démocratiques, ça ne signifie pas que tout le monde s’en sert. Ironiquement, bien des gens qui ont la chance de pouvoir s’exprimer librement ne le font pas.

En plus d’être souffrante, la démocratie est fatiguée.

En plus d’être souffrante, la démocratie est fatiguée. Partout sur la planète, les taux de participation baissent. Certains accusent un certain désintéressement de la part des jeunes qui au départ ont toujours été moins enclins à voter.

L’indice mondial de démocratie

En 2023, la moyenne mondiale de l'indice de démocratie est tombée à 5,23 sur 10, contre 5,29 en 2022.8 Il s'agit de son niveau le plus bas depuis la première publication de l'étude en 2006.

Actuellement, seuls 24 pays sont classés comme des « démocraties complètes ». Les cinq nations les mieux classées sur la base des indicateurs étudiés sont la Norvège, la Nouvelle-Zélande, l'Islande, la Suède et la Finlande, avec des scores de 9,30 sur 10 ou plus.7

« L'année a été peu propice à la démocratie, le score mondial moyen ayant atteint son niveau le plus bas depuis la création de l'indice en 2006. Moins de 8 % de la population mondiale vit dans une démocratie à part entière, tandis que près de 40 % vivent sous un régime autoritaire, une proportion qui a augmenté progressivement au cours des dernières années.

L'incidence croissante des conflits violents a fortement entamé le score mondial de la démocratie et empêché une reprise après les années pandémiques de 2020-22. »8

*Traduit de l'anglais avec DeepL.com

Épilogue

L’internet nous a donné le « village global », la parole à tous et à chacun. Parallèlement à cela, on constate que la planète est de plus en plus fractionnée par les idéologies de gouvernance de toutes sortes. Et la démocratie est loin d’être majoritaire.

En plus où l’on vote, on conteste les résultats. Si on perd, on envahit les parlements. Et si on ne veut pas perdre, on utilise l’armée comme « stimulant ». Devant ce portrait peu reluisant, on se surprend à se demander s’il ne faudrait pas une autre pandémie assez dangereuse pour forcer tous les humains à s’unir, même s’ils ne savent plus comment faire.

Merci aussi à ceux qui n’ont pas lu.