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La vérité sur l'amour


L’amour est surement le plus vieux sujet du monde. On l’a, le perd, le retrouve, le fuit, le cherche, le cache, le révèle et tente même parfois de l’ignorer. Même si les romantiques disent qu’il n’existe qu’un seul amour, explorons ce sentiment qui revêt plusieurs facettes.


Quand on fait la dissection d’un sentiment semi-organique comme l’amour, on est face à une entité complexe qui nécessite d’être divisée en ses parties constituantes. Même si certains philosophes de l’amour affirment qu’il n’y a qu’un seul et unique amour, l’Histoire nous a révélé que cette émotion comporte plusieurs variantes.


La naissance de l’amour

On peut présumer qu’en Afrique il y a 2,4 millions d'années, l'« homo habilis » fut le premier amoureux. Mais est-ce que le simple accouplement et la copulation firent naître l’amour ? Sans doute que le réflexe naturel de chercher une contrepartie décente afin de procréer ouvrit la voie vers l’amour.

L’attachement et le besoin de sécurité créèrent une proximité qui engendra l’affection, le besoin de l’autre. Mais cet amalgame dû au côté grégaire de l’humain ne peut être appelé amour. Quand donc apparut le premier regard exalté de l’amour ? Probablement que la naissance de leur premier enfant fit apparaître chez le couple cette connivence, ce resserrement « coconesque », ce rapprochement réconfortant que crée l’amour. De l’accouplement physique et l’apparition de la famille résulta un sentiment affectif; l’amour du couple puis l’amour familial étaient nés.


« On se reconnaissait dans ses enfants. Les importants besoins de se regrouper pour se protéger engendrèrent l’amitié et la fidélité à la communauté. »

Dès lors s’élaborèrent différentes variantes de l’amour. L’amour familial s’installa naturellement par un réflexe de protection de sa progéniture et par le lien de ressemblance avec ses descendants. On se reconnaissait dans ses enfants. Les importants besoins de se regrouper pour se protéger engendrèrent l’amitié et la fidélité à la communauté.



Sortes d’amour

Pour les fins de l’analyse, nous avons catégorisé cinq types d’« élans du cœur » :

- L’amour du couple;

- L’amour familial;

- L’amour par amitié;

- L’amour propre, l’estime de soi;

- L’amour idéologique comme l’amour d’un Dieu, d’une patrie.



L’amour du couple

L’amour entre deux êtres est un concept abstrait. On ne peut voir, toucher l’amour, on ne le perçoit que par ses effets bienfaisants et une exaltation de bonheur. À travers le temps, une multitude de grands esprits se penchèrent sur l’amour. On en arriva à en donner quelques définitions basées sur ses caractéristiques sentimentales.


Pour le dictionnaire Larousse, c’est: Sentiment d'affection, d'attirance sentimentale et sexuelle entre deux personnes. 1

Pour Le Robert, c’est : Inclination envers une personne, le plus souvent à caractère passionnel, fondée sur l'instinct sexuel, mais entraînant des comportements variés. 2


« On voit ici apparaître les grandes lignes du sentiment en forme de cœur. »

On voit ici apparaître les grandes lignes du sentiment en forme de cœur. Les mots attirance et inclinaison, affection et passionnel, attirance sexuelle et instinct sexuel. L’utilisation de ces expressions choisies exprime bien que l’amour du couple est depuis longtemps basé sur sa confiance mutuelle, sa passion, son attirance sentimentale et sa connivence intime.



Critères de l’amour

Afin de savoir si on est en amour, plusieurs études établirent les éléments qui caractérisent l’amour. La théorie du psychologue Rubin, 3 qui s'est penché sur ce thème dans les années 70, comporte trois éléments :

  • L'attachement à une autre personne

  • La préoccupation de l'autre

  • Un sentiment d'exclusivité vis-à-vis de l'autre

La théorie de Steinberg, 3 en 1988, présente trois points aussi:

· L'intimité

· L'engagement

· La passion

Symptômes de l’amour

L'état amoureux, particulièrement à son début (« à l'état nuage rose »), déclenche des symptômes caractéristiques. L'anthropologue Helen Fisher 4 a mené une enquête importante sur les symptômes de l’amour auprès de jeunes Américains et Japonais. Il en ressort plusieurs effets constants chez les participants amoureux.


La focalisation de l'attention d'abord. Quand l'autre est là, plus rien ne compte. Cette attention exclusive s'accompagne d'une recherche de fusion.


Lorsqu'il est absent, l'être aimé survient dans la tête de l'amoureux sous forme de pensées intrusives. C'est la deuxième caractéristique de l'état.


Un autre signe est l'exaltation. Ariane est heureuse, déborde d'énergie, comme si elle était en transe. Les mots de la passion amoureuse n'évoquent-ils pas le « transport », les « débordements », l'« extase ».


L'idéalisation est un autre trait marquant de l'état amoureux. L'être aimé est paré de toutes les qualités, ses défauts gommés, ses points positifs hypervalorisés. On dit que l'amour rend aveugle. C'est sans doute un peu vrai : le sentiment amoureux ne sert pas à comprendre autrui, mais à vivre avec. 5


À partir des années 2000, les recherches sur les effets de l’amour évoluèrent et présentèrent une élaboration plus précise de ses caractéristiques.


Euphorie et pression artérielle

Mais les scientifiques arrivent aujourd’hui à définir l’amour selon des symptômes physiques et psychologiques précis. En 2004, dans Love Sick: Love as a Mental Illness, le psychologue clinicien Frank Tallis évoquait plus concrètement cette série de signes caractéristiques de l’amour [.]

En tête de liste: euphorie, sautes d'humeur, redéfinition de l'estime de soi, envie de pleurer, perte de concentration et trouble du sommeil, manque d’appétit, stress se traduisant par une pression artérielle élevée, douleurs dans la poitrine et au cœur, trouble obsessionnel compulsif (soucis et préoccupations superficielles), réactions psychosomatiques telles que les maux d'estomac, des étourdissements et de la confusion. 6


« De son côté, Kate Rose évoque dans l'essai You only fall in love three times trois types d’amours vécues tout au long de la vie: l’amour idéaliste, l’amour de nécessité et l’amour inattendu. »

Les psychologues Helen Fischer (de l’université américaine de Rutgers) et Anik Debrot (de l’université suisse de Lausanne) ont quant à elles étudié l’amour sous la forme de huit marqueurs réactionnels: authenticité, attention spécifiquement portée sur l’être aimé, appréciation des relations sexuelles, empathie, possessivité, vision de l’autre centrée sur le positif, plaisir en sa compagnie et envie de lui rendre la vie plus douce.


De son côté, Kate Rose évoque dans l'essai You only fall in love three times trois types d’amours vécues tout au long de la vie: l’amour idéaliste, l’amour de nécessité et l’amour inattendu. Pour la journaliste et autrice, ce dernier serait le plus beau et le plus long puisqu’il profiterait de la maturité acquise tout en gardant une part d’innocence. 6


L’amour familial

L’amour se fait. Amoureusement ou non, il crée des bébés. C’est soudainement la triangulation du couple. Et naturellement le lien du sang, la proximité sécuritaire, les ressemblances de fratrie et le quotidien créèrent un lien affectif particulier : l’amour familial.

Les membres d'une famille partagent souvent un lien fort construit sur l'amour mutuel qu'ils se portent. Trouvez un lien spécial entre vous et vos proches, ainsi que le désir de passer du temps avec eux caractérise l’amour familial. Vient aussi un besoin de protéger ou de prendre soin des siens.


J. Rondeau, C. Lainesse et leurs 17 enfants. 14

· L'amour familial ne concerne pas seulement les personnes avec lesquelles vous partagez un lien de sang. Votre famille comprend aussi des gens qui répondent toujours présents lorsque vous avez besoin d'eux et qui ont une influence importante dans votre vie. 7



L’amour par amitié

On dit souvent à un ami : « je t’aime bien ». On fait ici une distinction entre l’amitié et l’amour. Distinction qui existe par exemple en anglais où les deux sens sont explicites; like pour ami et love pour amour. L’amitié est une sorte d’amour qui s’exprime par des sentiments spéciaux envers quelqu’un. Ce sont des personnes avec qui on est à l’aise, en qui on peut faire confiance. C’est souvent un confident avec qui on échange ses secrets mutuels.

· Ce genre d'amour est généralement ce que vous voulez dire lorsque vous dites : « je t'aime bien ». Vous pouvez vous soucier sincèrement de quelqu'un et vouloir ce qu'il y a de mieux pour eux sans ressentir d'amour romantique.

· Vous pourriez ressentir de l'amour romantique et amical en même temps pour la même personne. Ce sera par exemple le cas si vous ressentez que votre partenaire est aussi votre meilleur(e) ami(e). 7


L’amour propre, l’estime de soi

L’amour propre, aussi appelé l’estime de soi, est un concept qui établit que l’humain ne peut vivre seulement d’un amour extérieur à lui-même. L’estime de soi est, en psychologie, un terme désignant le jugement ou l'évaluation qu'une personne a de sa propre valeur. Pour bien aimer, il doit d’abord s’aimer. Par cette révélation, on vit poindre en psychologie les grandes écoles de pensée sur les mécanismes de l’amour propre.

S’aimer soi-même implique une capacité à ne pas se soucier que de soi et à ne pas se déresponsabiliser face à autrui en s’appuyant sur des considérations du style : « On me prend intégralement comme je suis ou bien adieu. » C’est même l’inverse. L’amour de soi suppose une bonne dose de conscience, de connaissance de ses fonctionnements mentaux. Il va de pair avec la capacité de s’adapter aux besoins d’autrui, sans toutefois s’y aliéner, et avec l’aptitude à se transformer quand c’est nécessaire. 7


« D’où la naïveté des discours qui nous enjoignent de ne pas nous soucier de l’opinion d’autrui. En faire totalement abstraction relève de l’impossible, même si nous disposons d’une certaine marge de manœuvre. »

Dire que l’homme est un animal social n’est pas une clause de style : notre structuration psychique passe par l’autre. Notre prochain, son image, son regard constituent des points d’appui pour se diriger dans la vie. Les jugements que nous portons sur nous en sont tributaires. D’où la naïveté des discours qui nous enjoignent de ne pas nous soucier de l’opinion d’autrui. En faire totalement abstraction relève de l’impossible, même si nous disposons d’une certaine marge de manœuvre. 8


On en vient donc à viser un équilibre entre s’estimer sans devenir égocentrique, trouver qu’on a de la valeur sans devenir imbu de soi-même et avoir assez confiance en soi pour pouvoir avoir une relation amoureuse harmonieuse. Mais dans notre société de modes, de styles, d’idéaux, acquérir et maintenir son amour propre est de plus en plus difficile. De sorte qu’aujourd’hui les affaires sont florissantes pour les spécialistes de la renaissance de l’égo et de la thérapie du MOI. Ces salles d’urgence du « me, myself and I » ont de longues files d’attente.


L’amour idéologique

Eugène Delacroix, La Liberté guidant le peuple, 1830

« Pour l’amour de Dieu ! » dit-on. L’amour idéologique comme l’amour d’un Dieu, d’une patrie est bien réel. Si on pense juste au nombre de personnes qui ont volontairement donné leur vie pour leur Dieu, leur patrie ou une idéologie sacrée.


Ce type d’amour est particulier parce qu’il s’adresse à une entité abstraite. Les croyants en un Dieu, en une cause démontrent, parfois par l’extrême, la foi et l’adoration presque aveugle qu’ils portent profondément en eux. Un amour bien spécial, guidé par des concepts purement intellectuels


 

Les grandes questions sur l’amour


L’amour et le sexe ?

Certains disent qu’il n’y a pas d’amour sans sexe, d’autres croient que l’amour n’a pas besoin de sexe, le reste croient que l’amour et le sexe sont complètement indépendant l'un de l'autre. Sans répondre à ces hypothèses, disons au moins que l’amour et la relation sexuelle sont en général un bon mélange pour la santé.

Le sexe et la santé

Les relations intimes avec un partenaire de même sexe ou de sexe opposé diminuent les tensions et calment les angoisses, c'est connu. Mieux encore, selon une étude britannique, faire l'amour trois fois par semaine augmente l'espérance de vie de 10 ans. Et une vie érotique satisfaisante réduit les risques de diabète, d'hypertension et de maladies cardio-vasculaires. Donc, pour vivre vieux, vivez à deux.13


« Mieux encore, selon une étude britannique, faire l'amour trois fois par semaine augmente l'espérance de vie de 10 ans. »

Les endorphines favorisent le développement du lien qui unit les partenaires, en plus de guérir le mal de tête. En effet, l'orgasme a le même effet que deux aspirines sur le cerveau. Mieux encore, des orgasmes réguliers chez l'homme permettraient de réduire de 30 % l'incidence de cancer de la prostate, selon des chercheurs australiens. 13


D’où vient Cupidon ?

Il fallut attendre plusieurs siècles avant qu’en antiquité, les Grecs nous révèlent comment donner le coup de foudre, faire tomber en amour; avec une flèche de Cupidon Dieu de l’amour. L’histoire de Cupidon et Psyché nous est contée par le roman - les Métamorphoses - plus connu sous le nom l’Âne d’Or - de l’écrivain médio-platonicien Apulée (125-180 ap.JC.).


Cupidon et Psyché, Gaspare Landi 1756-1830

« Un roi avait trois filles dont la plus jeune – Psyché – était d’une telle beauté qu’elle était comparée à Vénus elle-même, qu’elle aurait égalée et même surpassée. Vénus, jalouse et furieuse de cette comparaison, chargea son fils Cupidon de lui faire aimer, en la frappant d’une de ses flèches, l’homme le plus laid de la terre. Mais la voyant, Cupidon en tomba amoureux. [.]


[.]Pour en finir, Vénus intima à Psyché l’ordre de descendre aux Enfers pour lui rapporter un flacon contenant un onguent de beauté [.] Et surtout de ne pas ouvrir le flacon. Mais sur le retour, désireuse d’essayer l’onguent de beauté destiné à Vénus, elle ouvrit le flacon, et respirant la fumée mortelle qui s’en dégagea, elle en mourut.


Cupidon, pardonné par sa mère, partit à sa recherche, et la trouvant morte, la ressuscita avec une de ses flèches. Il l’emmena dans l’Olympe, où Jupiter (Zeus) lui-même célébra leur union dont naquit leur fille Volupté (Hêdoné). » 9



Cœur = amour, pourquoi ?

Qui n’a pas vu une affiche I LOVE NEW YORK ? Le cœur est depuis, presque toujours le synonyme d’amour. Mais quel est le rapport entre l’amour et cet organe sanguinolent, cette pompe à sang, ce PDG de notre vie ?


Govard Bidloo, dans Anatomia humani, 1685

Sans doute que le fait que le cœur, chez l’humain, est comme une jauge de sa vie immédiate, comme une lumière dont la brillance varie, clignote, vacille selon ses émotions. L’humus intellentus ne pris pas longtemps à comprendre que le machin à l’intérieur battait beaucoup plus vite et fort quand il avait peur, quand était content : le cœur était le centre de l’être. En quelques pas, le cœur devint le centre de la vie, le centre de l’esprit, la cachette de l’âme et le foyer de l’amour.


« Finalement, le cœur trouve son image romantique à la fin du Moyen Âge.. »

Finalement, le cœur trouve son image romantique à la fin du Moyen Âge.

« L’Offrande du cœur », Roman d’Alexandre, 1338-1344.

« Les manuscrits enluminés de la littérature médiévale fournissent de nombreux exemples de cœurs. Dans son étude, Marilyn Yalom date « la première image connue de l’icône du cœur indubitable » en 1344, dans Le Roman d’Alexandre, l’un des grands livres d'images médiévaux. » 10



Le cœur cessa d’être un organe flasque et se revêtit de ses deux formes rondes et lisses, de son beau rouge sang et de son petit pointu piquant. Il devint un motif d’art. Et naturellement les symboles se mariant, on vit apparaître les cœurs transpercés par les flèches d’amour de Cupidon.


Épilogue

L’auteur inconnu a écrit : « L’amour est de miel et de vinaigre ». Conclusion simple d’un sujet complexe. Embrasser l’amour au complet est impossible. On ne peut vraiment le cerner, invisible et imprévu, il plane, il meurt et ressuscite. Mais il laisse toujours une empreinte dans ce beau cœur rouge qu’on s’imagine. L’amour est peut-être vraiment tout ce que l’on a vraiment besoin, comme IL l’a si souvent chanté : « All you need is love ».


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Note de l’auteur

Ma mère disait parfois à mes sœurs : « Ne vas pas t’enmouracher avec le premier gars… ». J’ai découvert que ça provenait de s’amouracher dans le sens de s’enticher de quelqu’un. Le dictionnaire Littré nous en révèle la source :


Amouracher

(a-mou-ra-ché)

• Amouracher - S'amouracher : S'éprendre d'un amour peu justifié. Un jeune fou dont elle s'amourache, Molière

HISTORIQUE : XVIe s. Tu n'es qu'un fol de l'amourescher, elle n'est pas pour toy, L'ancien français disait amourer, mais sans aucun sens défavorable. 11

On retrouve aussi s’enmouracher dans Langue française.net 12


Pardon maman, je me suis déjà enmouraché quelques fois.


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RÉFÉRENCES

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J. Rondeau, C. Lainesse et leurs 17 enfants.

14 L’Action catholique, 11 octobre 1926. BANQ.



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