Il n’existe pas de définition de la liberté qui englobe toutes les facettes de ce concept. Il faut plutôt parler « des libertés » si on veut en faire le tour. Voici donc un survol libre cherchant à calibrer l’équilibre entre toutes les contraintes qui permettent les libertés.
« La » liberté
Quand on compare les différentes définitions de la liberté, deux grandes lignes se dessinent : l’état d’une personne libre et l’absence de contrainte. Donc, à la base, la liberté est contrainte à être un état sans servitude et on est libre d’avoir des contraintes libératrices.
Autrement dit, la liberté est un concept insaisissable. Certains disent que : « Ta liberté se termine où débute celle de l’autre. » Mais qui détermine les limites de la liberté de chacun ? Si c’est le libre arbitre, lui, d’où tient-il la liberté d’équilibrer et de rééquilibrer les espaces de liberté individuelle ?
« Les » libertés
Libre à vous de croire qu’il existe une liberté unique, mais l’Histoire dit autrement. En tous cas, la langue, elle, évoque une grande quantité de « types » de liberté. Par exemple dans le Littré1, dictionnaire ancien paru à la fin du XIXe siècle, on dénombre plus d’une vingtaine de genres de libertés.
Sens de liberté selon Littré
1- Condition de l'homme qui n'appartient à aucun maître.
2- Se dit par opposition à captivité.
3- Se dit par opposition à clôture dans un établissement, dans un couvent, etc.
4- Liberté naturelle.
5- Liberté politique, ou, simplement, liberté ; liberté de commerce, des mers.
6- La Liberté, divinité.
7- Au plur. Immunités.
8- Liberté de l'Évangile.
9- Pouvoir d'agir ou de n'agir pas.
10- Libre arbitre.
11- État d'une personne qui n'a aucun assujettissement.
12- État d'un cœur libre.
13- Absence de contrainte.
14- Liberté d'esprit.
15- Liberté de langage.
16- Manière d'agir familière, ou dans laquelle on ne se contraint point.
17- Permission, congé, licence.
18- Licence poétique.
19- Aisance dans les mouvements et les opérations.
20- Aisance avec laquelle se meuvent les choses inanimées.
21- Liberté de ventre.
22- Liberté de langue, en termes de manége.
23- En liberté, sans gêne, sans obstacle.
24- Filet qui sert à élever et à baisser les brins de cannes dont on fait des fauteuils.1
La liberté d’expression
Selon l’endroit où on se trouve sur la planète, exprimer son opinion nous expose autant à de l’indifférence ici, qu’à la peine capitale là-bas.
Depuis longtemps la liberté de dire ce que l’on pense est opprimée. Les religions hiérarchiques qui mirent en opposition le bien et le mal érigèrent les premières listes de mots à ne pas dire de choses à ne pas penser.
Par exemple, on ne devait pas évoquer en vain les noms des divinités; en dire du mal était aussi répréhensible. Il ne fallut qu’un pas pour que les monarchies du monde voulussent aussi que la plèbe ne puisse plus faire usage de leur nom. La réalité étant qu’il ne s’agissait pas seulement du nom autant que ce que l’on en disait. On ne peut que penser aux conséquences, aujourd’hui même, de dire du mal en public des dirigeants politiques, religieux ou militaires de Corée du Nord, de la Thaïlande, de ceux d’une multitude de pays musulmans.
La liberté du Facebooking
Avec les médias sociaux, une pseudo liberté d’expression est apparue. Sous le couvert (de moins en moins étanche) d’un pseudo-avatar, l’utilisateur peut se laisser aller à un vibrant hommage à la culture autant qu’à un déversement toxique d’agressivité et de violence.
Mais où finit ce qu’on peut dire ou pas ? Parler contre Allah un crime ici, contre Kim Jung Un un acte terroriste là. Mais un président des États-Unis peut dire en public, « Grab them by the pussy »9 (Attrape-les par la chatte) et en Amérique des manifestants crient « Va chier » aux premiers ministres, aux présidents en envahissant la Maison-Blanche pour la liberté.
« I don't even wait. And when you're a star, they let you do it. You can do anything. ... Grab 'em by the pussy. You can do anything. » Donald Trump9
La liberté d’être
Il semble qu’autour de la planète, la liberté dont on entend le plus parler est la liberté d'une personne qui n'est pas sous la dépendance de quelqu’un (opposé à esclavage, servitude), ou qui n'est pas enfermée (opposé à captivité).
On parle ici de la liberté la plus précieuse. La liberté de se déplacer et de vivre sans contraintes. Il s’agit d’un niveau de liberté élémentaire pour les habitants de la plupart des pays dits « modernes », mais c’est un état inaccessible pour des milliards d’humains.
Par extension, la liberté collective peut être entravée par un gouvernement ou un groupe de pression. Pensons aux talibans qui possèdent leur vision des libertés individuelles; que ce soit au niveau des libertés de penser de décider ou de contester le régime.
Liberté : possibilité, pouvoir d'agir sans contrainte ; autonomie. Liberté de décision, d'action.2
On pourrait faire le tour du monde et, partout, on trouve des manquements graves à la liberté individuelle. L’Afrique et l’Asie regorgent de tristes exemples où les droits humains ont été bafoués.
Liberté nationale
Une grande partie des outrages à la liberté provient des gouvernements totalitaires. Ces régimes, souvent soutenus par le militaire, imposent des limites et contraintes à leurs citoyens. En général, la force et la peur sont les éléments qui assoient le pouvoir ce ces nations.
Que ce soit les seigneurs de guerre en Afrique ou en Orient, le scénario est toujours le même. On asservit les populations par des lois et des règles strictes et inéquitables de sorte que les personnes n’ont plus aucun pouvoir de décision ou de contestation.
Trois malheureux bons exemples
Parmi une foule de nations coupables d’abus aux droits humains, trois régimes se démarquent : la Corée du Nord, la Chine et les États où la charia islamique est appliquée.
Corée du Nord : prison ou nation
Une brève incursion dans le peu que l’on sait sur la gestion des droits de la personne par la Corée du Nord donne des frissons. Des interdictions et des sanctions sévères pour des activités pour le moins banales chez nous, qui s’avèrent une atteinte aux lois en Corée du Nord. Big Brother ?
Interdit en Corée du Nord
1/ Froisser ou plier un journal
Si un jour vous vous retrouvez en Corée du Nord et que vous avez entre les mains un journal où se trouve une photo du leader du pays ou de ses prédécesseurs, ne vous avisez jamais de le froisser, ou pire, de le plier. Ceci est considéré comme un « énorme » crime, surement vu comme une forme de non-respect. Un acte passible de la peine de mort.
2/ Porter un jean
Les jeans bleus sont interdits en Corée du Nord, simplement parce que le régime les considère comme un symbole de l’impérialisme américain.
3/ S’appeler Kim
Comment voulez-vous être un dictateur craint et respecté si même le plus insignifiant des paysans a le droit de porter le même nom que vous ? On a demander aux personnes portant le même nom de changer.
4/ Pratiquer une religion
Le but de l’état nord-coréen est d’éliminer drastiquement tous les croyants ou de les convertir à l‘idéologie socialiste athée. Quiconque refuse, se fait emprisonner, bannir ou déporter dans une contrée isolée.
5/ Choisir son métier
En Corée du Nord, si vous souhaitez devenir photographe, mannequin, etc. Cela risque d’être compliqué. Si votre papa est fermier, alors vous serez fermier et s’il est ouvrier, vous serez ouvrier.
6/ Avoir une voiture
Les Nord-Coréens n’ont pas le droit de posséder ou de conduire une voiture. Il n’y a d’ailleurs même pas de feux de signalisation sur la plupart des routes. Uniquement les membres influents du parti communiste ont le droit de posséder un véhicule motorisé. Pour les autres, il faut donc se déplacer en vélo ou utiliser les transports en commun.
7/ Accéder à Internet
Ainsi, en Corée du Nord, quasiment personne n’a le droit d’accéder à internet. Rien que pour accéder à un ordinateur, vous devez présenter une autorisation spéciale que seuls quelques rares membres de l’élite nord-coréenne possèdent.
8/ Regarder une chaîne de télévision étrangère
À la télé, il n’y a que 3 chaines, dont 2 qui ne marchent que le week-end. L’autre chaîne est la principale de Corée, mais elle ne diffuse des programmes que 5 heures par jour. En novembre 2013, 80 personnes ont été exécutées publiquement, car elles avaient regardé des émissions sud-coréennes via des DVD.
9/ Téléphoner à l’étranger
Corée du Nord, 10% de la population possède un téléphone portable, car il n’y a pas de réseau 3G/4G, ni d’internet et il est interdit de contacter quelqu’un de l’étranger.
10/ Quitter la Corée du Nord
Les Nord-Coréens n’ont pas le droit de quitter leur pays sans autorisation officielle. Mais peu importe la raison, il est généralement difficile d’obtenir un ticket de sortie. Et pour ceux qui essayeraient de passer de force, c’est clairement mission impossible. Des mines antipersonnelles et 1,5 million de gardes surveillent quotidiennement les frontières russes et sud-coréennes.
11/ Regarder un film porno
En Corée du Nord, le porno est illégal. La punition est grave, les personnes se faisant attraper en plein visionnage risquent la peine de mort.
12/ Choisir sa coupe de cheveux
Pour les hommes, tout comme pour les femmes, il existe un certain nombre de coupes de cheveux réglementaires. Au total, les hommes ont le choix entre dix coupes différentes.
13/ Boire du Coca-Cola
Aujourd’hui, il n’existe plus que deux seuls pays dans le monde qui ne commercialisent pas du Coca Cola : Cuba et bien évidemment la Corée du Nord.
14/ Jouer de la musique
En Corée du Nord, toutes les musiques sont contrôlées par l’État et doivent glorifier ou honorer le système en cours. Difficile donc pour les artistes de s’exprimer comme ils le souhaitent. Notre musique occidentale est considérée comme un crime contre le régime. Pour éviter de ne pas se faire exécuter, mieux vaut ne pas écouter de la musique d’Europe ou d’Amérique.
15/ Boire de l’alcool
La population nord-coréenne n’est pas vraiment autorisée à boire de l’alcool sauf pour les jours spéciaux. Un responsable militaire avait été exécuté en 2012 pour avoir bu et un peu trop fait la fête aux yeux de Kim Jong-un pendant une période de deuil d’une durée de 100 jours, rendant hommage à son père. Durant cette période, toute relation sexuelle et toute consommation d’alcool était formellement interdite. Selon ses dires, le dictateur ne voulait « plus aucune trace » de ce fonctionnaire et a donc choisi de le condamner à mort par obus de mortier.3
La Chine génocidaire ?
Selon des organisations de défense des droits de la personne, au moins un million d’Ouïghours et d’autres minorités turcophones, principalement musulmanes, sont incarcérés dans des camps au Xinjiang, en Chine.6
Pékin conteste et affirme qu’il s’agit de centres de formation professionnelle destinés à les éloigner du terrorisme et du séparatisme, après de nombreux attentats meurtriers commis par des Ouïghours.
Rappelons comment les Ouïghours, mais aussi d’autres minorités turciques de la région (Kazakhs, Kirghizes, Ouzbeks et Tatars) faisaient face à un « anéantissement » total. […] les sévices subis par ces populations dont on estime de 2 à 3 millions le nombre de membres internés dans des camps : « Stérilisation forcée, viols, chocs électriques vaginaux, prélèvements forcés d’organes, séparations des familles, séances de tortures systématisées, etc. » Des crimes également détaillés par Cédric Villani (Groupe Écologie Démocratie Solidarité) qui a rappelé que la « vérité [était] simplement atroce » et que les « faits couvraient toutes les catégories de la convention de 1948 sur le génocide ».4
La charia : le non-droit
Dans sa définition la plus ouverte, la charia désigne l'ensemble des prescriptions morales et juridiques autour desquelles s'organise la vie des musulmans. On lui prête souvent le synonyme de Loi. Tous les pays musulmans n'appliquent pas la charia.
La charia n’est applicable et appliquée que lorsque l’État l’autorise. C’est le cas en Arabie Saoudite, au Yémen, en Iran, au Koweït, au Bahreïn, aux Émirats-Arabes, au Qatar, au Oman, en Afghanistan, au Pakistan, en Indonésie, en Libye, au Soudan, en Somalie et en partie en Égypte et dans certains états du nord du Nigeria où se trouve Boko Haram. Ces pays s’inspirent plus ou moins fortement de la charia.
Charia : délits = sanctions
Pour le vol, l’adultère, le brigandage, les insurrections armées, l’accusation d’adultère, l’usage d’alcool, le meurtre et les blessures physiques. Les châtiments varient en fonction des délits et peuvent aller jusqu’à la peine de mort.
La consommation d’alcool peut entraîner une peine de paire de gifles, de 40 coups de fouet ou de coup de sandales.
Pour l’adultère et le vol, le verdict est plus compliqué : tout va dépendre de la nature et du montant du vol, mais en général c’est l’amputation.
Quant à l’adultère, il en existe deux types explique Guillaume Dye, « l’adultère classique qui implique une relation extra-conjugale. Dans ce cas, le Coran prévoit la flagellation, c’est-à-dire environ 80 coups de fouet. Le deuxième cas concerne l’adultère entre personnes non mariées. Dans ce cas, la charia prévoit la lapidation. »
Pour prouver un adultère par exemple, il faut le témoignage de quatre hommes qui ont pu voir l’acte de manière précise et rapprochée."
En cas de vol à main armée ou de meurtre, la décapitation par sabre est également un des moyens envisagés par la charia.5
Liberté d’un peuple
La colonisation a créé, à travers les siècles, de nombreux états dont les conquérants s’attribuaient l’appartenance. C’est ainsi que nombre de civilisations ont été asservies
et, souvent, ont perdu leur culture et leur patrimoine.
Cependant, le temps a permis à beaucoup de ces peuples de se libérer pour former des nations souveraines et indépendantes. Encore aujourd’hui, certaines nations luttent toujours pour l’autodétermination, le contrôle de leur culture et de leur économie.
De nombreuses publications donnent une liste des pays du monde, mais elles n'utilisent pas toutes les mêmes critères pour inclure ou non un pays. Un critère courant, mais flou est la reconnaissance du pays par la communauté internationale, notamment sa reconnaissance par l'Organisation des Nations unies7 qui compte 193 États membres et reconnaît quatre États non membres (dont deux avec le statut d’observateurs permanents).
Ces quatre États non membres sont le Vatican (observateur permanent depuis 1964), l'État de Palestine (observateur permanent depuis 2012), et les îles Cook et Niue, deux territoires insulaires en libre association avec la Nouvelle-Zélande.
Les pays nouveaux nés
Aux centaines de pays souverains considérés par l’Organisation des Nations Unies (ONU), s’ajoutent lentement de nouvelles nations ayant proclamé leur indépendance. Les conquêtes des empires coloniaux se désagrègent peu à peu. Des cultures sont ainsi ravivées, des patrimoines sont récupérés, l’authenticité des peuples renaît.
Malheureusement, certaines nations continuent un combat acharné pour acquérir la souveraineté et la gestion de leurs ressources. C’est le cas de la Catalogne en Espagne et du Québec au Canada. Toujours les mêmes luttes contre les régimes globaux qui ratissent larges et embrassent parfois trop grand. La main fédéraliste ne veut pas perdre un doigt qui parfois rapporte plus que toute la main.
Épilogue
La liberté est comme un nuage, on cligne de l’œil et elle a changé. Robinson Crusoé, seul sur son île était libre de faire ce qu’il voulait, mais sa liberté était aussi une prison. Si être libre signifie vivre sans contraintes, la liberté est utopique car elle naît toujours d’un besoin de libération. L’humain grandit de l’obstacle, il évolue de libérations en libérations.
Peut-on se libérer du besoin de liberté ? Dans le fond, la liberté est telle que la société nous l’accorde mais c’est aussi l’espace que nous nous accordons à nous-mêmes.
Merci aussi à ceux qui n'ont pas lu.
RÉFÉRENCES
1
Définition de liberté - Dictionnaire de la langue française, par É. Littré
2
Définition de liberté - Dictionnaire Le Robert
3
4
Libération - Vérité simplement atroce
5
6
L’ONU « profondément troublée » par un rapport sur les Ouïghours en Chine
7
Liste des pays du monde
8
Liste des pays par Indépendance
9
Donald Trump Access Hollywood tape
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