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Ces femmes pirates


Quand on pense aux pirates, on imagine tout de suite un forban avec un œil caché, une jambe de bois, un sabre à la main et un perroquet sur l’épaule… et c’est un homme. Mais que sait-on des femmes pirates ?


Les pirates ont toujours été la hantise des voyages maritimes. Leur présence est toujours accompagnée de batailles sanglantes, de pillages et d’épouvantables massacres. À l’affut de nouvelles proies, ils sont partout sur les mers, scrutant l’horizon pour y déceler un navire à détrousser ou un vaisseau militaire à aborder. Ce que l’on ignore c’est que, dans l’Histoire, ces bandits des océans n’étaient pas tous des hommes.


Corsaires en corsage

Il y a bien eu des femmes pirates, parfois mêmes capitaines de vaisseau dont l’équipage était entièrement composé de femmes. On se doute bien que ces flibustières ne s’habillaient pas en dentelles. Étant donné le statut d’infériorité des femmes à l’époque, ces femmes adoptèrent des vêtements d’homme afin de se fondre dans ce monde masculin. La plupart des hommes ayant les cheveux longs en ces temps, il n’y avait que ce menton imberbe qui intriguait.

À l’époque, le seul moyen pour une femme de monter sur un bateau était de s’habiller en homme et de tenter de changer sa voix. C’est ainsi que bien des femmes devinrent matelots, marins aguerris et pirates.


Confusion de genre

Il n’était pas facile pour ces femmes qui devaient se cacher pour se déshabiller sans dévoiler leur secret dans ces endroits exigus où vivent les marins. Mais le métier de marin ne rapportait pas beaucoup. Les histoires de pirates relataient les pillages où les butins regorgeaient d’or et de pierreries. Cela attira beaucoup de marins appâtés par ces rêves de trésors et de richesses. C’est ainsi qu’au début du XVIII siècles, les mers devinrent infestées de flibustiers à l’affut de tous navires qu’il soit marchands ou militaires.


Les femmes aussi

La perspective de devenir riche que faisait miroiter la piraterie n’attira pas que des hommes. Les dames travesties en marin se joignirent donc aux corsaires, pirates, flibustier, boucaniers et autres forbans des océans.


Certaines même devinrent des capitaines sans pitié aux commandes de puissantes armadas de vaisseaux remplis de brigands assoiffés de sang et de butin. L’histoire de ces femmes atypiques n’eut peu de résonnance dans la littérature, comme la plupart des exploits féminins occultés par la domination mâle des derniers siècles.


Piratesses célèbres

Cependant, quelques-unes de ces reines des mers ont laissé des traces, en voici les principales empreintes.

Nous ne connaissons que quelques-unes des femmes corsaires qui écumèrent les mers. Les femmes pirates, en général, n’affichant jamais leur genre ce ne sont que des exploits historiques qui en firent se démarquer certaines. En voici une liste et une carte des zones où elles semaient la terreur.


​1- Alfhild De Gotland 2- Jeanne De Belleville 3- Lady Killigrew 4- Mary Jane Read et Anne Bonny 5- Rose Bregeon 6- Louise Antonini

7- Julienne David 8- Ching Yih Saou 9- Laï cho San 10- Marie-Anne Dieule Veult 11- Maria Lindsey Cobham 12- Mme Pease


 

La lionne de Clisson

C’est durant le XIV siècle que la pirate Jeanne De Belleville terrifia une grande partie de l’Europe. Son histoire rocambolesque est parsemée de massacre, d’équipages égorgés, de vaisseaux envoyés par le fond et même de villages détruits.


Surnommée également la « Tigresse bretonne », Jeanne fut tellement révoltée par l’exécution sans procès de son mari qu’elle monta une armée de quatre-cents hommes et entama une guerre contre les possessions du roi de France.


Une vengeance sans limites

En quelques mois, son armée remonta la côte française et en temps record elle pilla six châteaux. Exaspérée, la royauté la déclare hors-la-loi et la bannit de France. Mais cela n’arrête pas la Tigresse. Avec sa bande, elle vole un premier bateau avec lequel elle détrousse assez de navires pour accumuler une fortune. Elle achète ainsi trois autres navires et les remplit chacun d’une centaine de pirates.


« Les récits des exploits de la Tigresse bretonne sonnent comme un lugubre glas. […] elle fait à présent la course aux navires marchands portant un coup terrible au commerce maritime français. Elle longe les côtes de France ne laisse aucun espoir à ceux qui croisent sa lame ; elle égorge les équipages ; elle coule bas les bateaux. On la voit, l’épée à la main, donner le signal de combat, vêtue du haubert et de la gorgière de mailles, toujours la première à l‘abordage. »1


Et comme si cela ne suffit pas, l’armée de pirates de Jeanne de Belleville élargit son champ d’opération et fait des razzias à terre. L’armada corsaire ravage sans pitié une portion de la Normandie : les châteaux sont envahis, les villages incendiés.


La fin du massacre

Exaspéré, le roi de France, Philippe de Valois, envoie plusieurs vaisseaux de guerre contre lesquels les pirates de la Lionne soutiennent des combats ardus et meurtriers. La flotte de Jeanne est finalement réduite à un seul navire et Jeanne doit s’enfuir afin de ne pas être capturée.


Après des mois d’errance, elle est accueillie en secret par une comtesse, amie de sa famille. Elle vivra chez celle-ci, en exil, pour le reste de sa vie.


Et les autres

Soulignons la présence de certaines piratesses exceptionnelles.


La légende raconte que Mary Jane exhibait ses parties génitales aux yeux des hommes qu’elle avait vaincus avant de les achever, pour leur signifier qu’une femme pouvait se battre comme un homme.

Mary Jane Read et Anne Bonny

Habillée en garçon depuis sa naissance, Mary Read s’est enrôlée dans l’armée britannique. Elle rencontre ensuite le pirate Rackham dont l’épouse, Anne Bonny est aussi pirate.


« Avec ses alliés, Mary Jane capture des navires de guerre anglais, embauche de nouveaux pirates et aide à renforcer la flotte de Rackham. […] l’un des prisonniers capturés lors d’une bataille a vu Mary Jane Read tuer de sa main le commandant du Royal Queen. La légende raconte qu’elle exhibait ses parties génitales aux yeux des hommes qu’elle avait vaincus avant de les achever, pour leur signifier qu’une femme pouvait se battre comme un homme. »2


Finalement capturées en 1720 par les troupes du capitaine Barnet, Mary Read et Anne Bonny ont évité la pendaison grâce à leur grossesse. Mary Jane Read est morte d’une fausse couche en prison.




Maria Lindsey Cobham

C'est sans doute la cruauté de Maria Lindsey qui lui permit de devenir la première femme capitaine d’un vaisseau pirate. Elle et son conjoint Éric Cobham s’installèrent dans une région isolée de la côte ouest de Terre-Neuve au Canada en 1740. C’est de là qu’ils lancèrent leurs raids dans le golfe du Saint-Laurent, essentiellement contre des navires français.



Les biens volés étaient « blanchis » à Percé, dans la péninsule de Gaspé, où des navires légitimes embarquaient la marchandise de contrebande et la transportaient vers la France, sous le nez des navires de guerre de la marine royale. Le butin était vendu dans les « ports libres » français, où des aristocrates locaux s’adonnaient activement au marché noir.


« Le couple a régné sans pitié sur les eaux de la région pendant près de 20 ans. Alors qu’habituellement les pirates torturaient et tuaient quelques-uns des prisonniers faits sur les navires attaqués et libéraient les autres, les Cobham assassinaient tous les membres d’équipage pour s’assurer qu’il n’y ait aucun témoin. Avant de remonter sur leur navire avec leur butin, ils coulaient celui qu’ils venaient d’attaquer. Puisqu’aucun survivant ne pouvait raconter ce qui était arrivé, les navires étaient simplement considérés perdus en mer, sans survivant.


Si l’on en croit les nombreuses légendes du folklore maritime sur Maria Lindsey, on pourrait en conclure que cette dernière avait toute la sensibilité d’un psychopathe. Elle aurait empoisonné tous les membres d’équipage d’un navire capturé pour le simple plaisir de les voir se tordre de douleur alors que le navire sombrait.


À une autre occasion, on dit qu’elle aurait fait coudre de malheureux marins dans des sacs de jute, puis les aurait jetés à la mer pour les noyer, tout en prenant plaisir à les voir se débattre en vain. Elle aurait aussi utilisé ses prisonniers pour s’exercer au tir. »3



 

Épilogue

Il serait ici trop long de traiter de l’histoire de toutes ces dames hors de l’ordinaire. Une chose est certaine, c’est que quand on creuse un peu, on découvre des faits surprenants sur le passé des femmes. Malheureusement, même si nous sommes plus ouverts face aux différences, on ne peut percer à travers le brouillard du sexisme du passé.


Ce qui est triste, c’est le fait de se rendre compte que la femme peut malheureusement être égale à l’homme dans sa cruauté et sa méchanceté. Les travers de l’humain, on doit l’admettre, n’ont pas de genre.


Merci aussi à ceux qui n’ont pas lu.



 

RÉFÉRENCES



1




2



3


 

Informations supplémentaires



Pirates de tous les pays - De Marcus Rediker







Tout sur les pirates De Barb Karg | Arjean Spaite





Femmes pirates : les écumeuses des mers De Marie-Eve Sténuit (PDF)


 

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